Intervention de P. JEANDOT à l’occasion de l’AGO du 8/11/2013

9-12 2014|0 Commentaire

Introduction

Bonjour et bienvenue à tous,

Je vous remercie de votre présence, et je déclare ouverte l’assemblée générale de la Compagnie des experts architectes près la Cour d’appel de PARIS.

 

Il a été professeur d’histoire de l’architecture à l’école des Beaux-Arts en 1968, puis à UP4 ;

Il a été membre de l’académie d’architecture. Mais aussi ;

Président d’honneur du Collège national des experts-architectes ;

Président d’honneur du Collège international des experts-architectes ;

Président du Collège des experts architectes internationaux ;

Président de l’Union des compagnies d’experts près de la Cour d’appel de Paris et

Vice-président de la Fédération des compagnies d’experts ;

Président de l’Union franco-britannique des architectes ;

Vice-président du Conseil national de l’Ordre des architectes ;

Membre du Conseil d’administration de la C.I.P.A.V ;

 Il a aussi été architecte. Il a construit dans les domaines hospitaliers, scolaires, mais aussi des maisons individuelles, des immeubles d’habitation, des usines, des gendarmeries, des magasins, et bien d’autres projets encore.

 Il s’appelle Charles RAMBERT, il était surtout Président d’honneur de la Compagnie des experts architectes près la Cour d’appel de Paris. Il est mort en début d’année. Des membres de notre compagnie l’ont accompagné le 4 mars dernier à l’Eglise Saint Honoré d’EYLAU. À sa mémoire, je vous demande de bien vouloir respecter une minute de silence.

 …

 Je vous remercie.

 …

 

Rapport moral

Comme vous avez pu le constater au travers le rapport d’activité qui vous a été présenté par le Secrétaire général, les engagements pris lors de notre dernière assemblée générale ont été globalement respectés. Nous avons poursuivi les projets initiés, et nous en avons développé d’autres, en particulier, la certification et la dématérialisation. Nous y reviendrons. Ce que je veux mettre en avant, c’est que ce qui préside à nos actions vise avant tout à donner aux experts de cette compagnie de l’indépendance, de la liberté, et aussi des outils pour favoriser le développement de leur activité. Face au monde qui nous entoure, et qui ne fait pas de cadeau, il faut être fort et prospère, et pour cela opter pour une politique volontariste. En effet, et même si notre avenir ne nous appartient jamais totalement, il nous faut néanmoins trouver des solutions à nos problématiques. Nous avons ouvert bien des voies, pour nous rapprocher au mieux des attentes manifestées par les magistrats, mais aussi par des experts qui s’interrogent sur les bonnes pratiques.

Je vais donc faire un point rapide de nos activités. Je développerai toutefois certains points qui me semblent importants pour l’avenir. Ce sera d’ailleurs la dernière fois que je le ferai sachant que cette assemblée générale est la dernière que je présiderai pleinement, et au cours de laquelle je peux présenter à la fois un bilan et des intentions. Car comme vous le savez, l’année prochaine j’ouvrirai l’assemblée générale, je présenterai un bilan global, et un autre président sera élu auquel il appartiendra d’exposer la politique future. Il est de coutume d’aborder les activités externes puis les activités internes.

 

En ce qui concerne l’externe :

 LES ÉCHANGES AVEC LES MAGISTRATS

 C’est le comité de suivi :

Aucune réunion du comité de suivi où l’on aborde les relations avec les tribunaux n’a été tenue cette année.

 C’est le comité pédagogique :

Une seule réunion du comité pédagogique où l’on aborde la question de la formation permanente s’est tenue.

Ce déficit par rapport aux années passées est sans doute dû au départ de magistrats qui en étaient des acteurs dynamiques.

C’est aussi le comité de réinscription :

Cinq experts dont moi-même y représentent l’ensemble des vingt et une compagnies pour analyser et commenter les dossiers des experts en fin de période quinquennale et en fin de période probatoire. La Compagnie est donc bien présente.

C’est la disponibilité des experts :

Notre annuaire en ligne s’implante dans les esprits.

À tels points que des reproches nous sont faits au sujet de ceux qui sont officiellement disponibles et qui refusent des missions.

Afin de mieux diffuser l’information, les tableaux des disponibilités sont désormais adressés tous les deux mois, aux magistrats des différents contrôles par Alain MUCKENHIRN.

C’est l’avis donné sur les candidatures :

Cette année ce sont 50 architectes qui ont postulé pour être inscrits sur la liste des experts près la Cour d’appel de Paris.

Dix ont reçu un avis très favorable.

 Vous savez que la politique mise en place consiste à valoriser ceux qui ont une véritable pratique de maîtrise d’œuvre, et pas les diplômés architectes qui n’ont jamais construit, et n’ont pratiqué qu’en qualité de salariés dans des sociétés de maîtrise d’ouvrage par exemple, quand ce n’est pas VRP pour le compte de grosses sociétés. Après trente ans d’exercice purement administratif, il me semble pour le moins difficile qu’un diplômé architecte puisse prétendre disposer des connaissances suffisantes pour être expert. Pour ma part je suis opposé au nivellement, au relativisme, à cette idée que tout se vaut. Des décennies dans une pratique professionnelle spécifique, ce n’est pas neutre dans le développement d’un homme. Il me semble qu’à terme, il y a une hiérarchie qui se fait jour entre l’homme qui a passé sa vie à concevoir, à se projeter au sens large, et qui de plus a construit et défriché des territoires, avec celui qui a passé sa vie à administrer ou à contrôler les activités des autres. Je sais que ce n’est pas la pensée dominante, ce qui est logique puisque dans notre société actuelle ce sont les administratifs qui dirigent. Mais la Compagnie n’est pas obligée de faire de même, et de marcher sur la tête. Ceci étant dit, contrairement aux autres années je ne peux vous annoncer les noms des experts désignés, car l’assemblée générale de la Cour se tient aujourd’hui et demain.

C’est aussi le cocktail de la Compagnie :

Cette manifestation est très bien accueillie par tous les acteurs du monde de l’expertise. Ce fut une nouvelle fois un succès, les magistrats ayant particulièrement apprécié cette année la visite des Grands Dépôts des archives nationales organisée à leur intention. C’est toujours un sujet d’étonnement. Mais comment font-ils les experts architectes pour être reçus en des lieux si prestigieux ?… et gratuitement… ils travaillent en équipe… LH…ND… JPBL… Il n’y a pas de nouveauté, conformément à ce que j’avais exprimé cette présidence s’est inscrite dans la continuité de la précédente, et nous avons maintenu ce qui avait été initié par Patrick DEMANCHE.

 Enfin, nous réfléchissons également à des échanges avec d’autres entités.

Marc AUDBERT travaille sur ce sujet, pour échanger avec GINGER, LE CATED, LE MONITEUR.

Il a fait aussi en sorte par exemple, que la Compagnie puisse être représentée dans le cadre d’une manifestation sur l’architecture organisée au Sénat le 6 décembre prochain. Des magistrats y seront invités par l’intermédiaire de la Compagnie. Nous allons aussi engager des échanges avec les architectes du patrimoine. L’un de nos membres Laurent MEDER en est le président par intérim, qui m’a demandé d’intervenir en décembre lors de la prochaine assemblée générale de leur association, pour présenter notre Compagnie et ses activités, et voir quelles synergies nous pourrions mettre en place. Il n’est sans doute pas inutile de communiquer au-delà de nos frontières habituelles, au-delà du monde fermé des compagnies d’experts, de sortir du microcosme. Cela n’a jamais été fait jusqu’ici, c’est sans doute une voie à développer pour faire connaître à l’extérieur, la Compagnie et la spécificité de notre activité.

 

Le Billet de Vincent BERTAUD du CHAZAUD, qui est lu à l’externe et à l’interne et qui me permet de faire une transition avec ce qui concerne nos activités internes.

 

Les ateliers-débats :

Qui connaissent toujours le même succès. Je crois que nous pouvons nous féliciter de la participation, et d’une qualité globalement satisfaisante. La nouveauté c’est l’invitation faite aux ingénieurs de pouvoir y participer. Cela témoigne de notre volonté de créer des transversalités, et d’échapper à la sacro-sainte verticalité. Entre dix et quinze ingénieurs étaient présents lors des deux derniers ateliers débat. Les retours d’informations sont très encourageants et deux ingénieurs se sont même proposés pour intervenir lors de prochains ateliers débat. Certains membres du Conseil souhaiteraient faire intervenir des personnalités extérieures rémunérées. Pourquoi pas, mais à la marge sans doute.

Vous savez que j’ai toujours défendu la gratuité, en opposition à la pratique de certaines officines qui ont développé un commerce de la formation, allant jusqu’à leurrer des architectes pour leur faire croire qu’avec leur formation et un chèque, ils pourraient devenir expert. Encore une fois, si les experts s’engagent dans une activité annexe au service de la société et de la chose publique, est-il cohérent qu’ils payent des formations ?

Nous avons démontré qu’avec une cotisation de 220 € nous organisions des formations qui ailleurs seraient facturées de 600,00 à 1 000,00 € par expert.

On ne peut que s’en féliciter.

 Au titre de la formation, nous pouvons regretter de ne pas avoir organisé un colloque comme l’année passée à la Maison du Barreau. Il faut dire que la préparation demandait beaucoup de temps, et que les disponibilités étaient comptées. Je pense néanmoins qu’il faudra garder cette idée à l’esprit.

 

La certification :

Tous les groupes ont été réunis en un seul comme cela a été dit afin de :

                – de créer une nouvelle dynamique

– de simplifier la gestion

                – de réduire les coûts

 Six experts ont été audités avec succès courant octobre par le nouvel intervenant de l’AFNOR, M. Rémy CLAVEL. La Compagnie veut donner un nouveau souffle à cette aventure, et notre objectif est bien entendu la mise en place des critères propres à la norme NFX 50/110. Alain MUCKENHIRN, Guillaume de MONTRICHARD et moi-même devons rédiger les actes de procédure, ce qui demandera encore bien des mois. Les experts intéressés peuvent intégrer ce groupe après avoir satisfait des conditions fixées par un cahier des charges. Bernard CARAYON est le secrétaire de nos travaux, et l’interface avec l’AFNOR. De plus, la Compagnie a été retenue par l’AFNOR, pour participer à la définition de la nouvelle norme européenne sur la qualité de l’expertise (AFNOR CNXD50).

Wikiarchex :

Encore une fois l’objet est la mutualisation et la transmission des acquis. Je suis désolé de constater que quelquefois des questions sont posées par courriels et non sur le forum, que des réponses sont données qui ne sont pas mémorisées, et donc non saisies sur Wikiarchex. Il faut comprendre qu’il appartient à chacun de faire l’effort de s’inscrire dans une ligne, et que les membres du Conseil ne peuvent se substituer aux intéressés.

Je ne sais plus comment le dire.

La dématérialisation :

C’est là aussi un dossier que nous avons lancé il y a quelques années. L’on nous avait demandé de stopper toute initiative pour ne pas contrarier la politique du CNCEJ. Ce que nous avons fait. Ne voyant rien venir, nous avons finalement décidé l’année passée de franchir le Rubicon. La CEACAP a mis à la disposition de dix experts une plate-forme dématérialisée, afin qu’ils se familiarisent avec l’outil. Nous avons exposé les retours d’expérience lors d’un atelier débat, puis avec les experts plus directement intéressés dans les locaux de l’ordre national, Tour Maine Montparnasse, grâce à Philippe CASTANS. Aujourd’hui l’outil est en place, constitué d’un portail CEACAP sur lequel sont mutualisées les coordonnées des professionnels de l’expertise, et à partir duquel on peut accéder à des plates-formes dématérialisées individuelles.

 J’aimerais m’attarder sur le sujet, et vous présenter les grandes lignes de ce dernier et nouvel outil.

Avec le recul nous avons bien fait, car là encore, l’initiative dont on nous avait dit grand bien semble actuellement dans une impasse. Les initiateurs ont découvert que leur logiciel avait dix ans d’âge, qu’il était compliqué, inutilisable, qu’il fallait investir au bas mot 90 000,00 € pour le rendre opérationnel… et que sais-je encore. Autant de points qui avaient été soulevés il y a bien longtemps par votre serviteur, mais que personne n’avait voulu entendre.

 Notre proposition est simple. Elle a le mérite de ne pas nécessiter de formation payante, de lecteur externe, de carte à puce, etc. … Et de pouvoir offrir des sécurités amplement suffisantes.

 Ne nous y trompons pas, on nous demande d’être plus performants, c’est-à-dire moins chers et plus rapides, avec des tarifs horaires qui stagnent depuis plus de dix ans. La dématérialisation est une façon de faire preuve d’innovation, pour gagner du temps et satisfaire des attentes non pas en diminuant ses tarifs, mais en étant plus efficace et performant. Ce sera aussi l’ouverture à d’autres environnements, par exemple l’utilisation des logiciels OCR, pour travailler sur la note aux parties ou le rapport sur un écran et en parallèle faire des recherches de pièces par mots clés sur un autre écran. Comme je le disais en débutant mon intervention, notre sujet est de mettre en place des outils propres à améliorer de façon pratique le travail de l’expert (documents modèles, wikiarchex, disponibilités, certification, cartes expert, etc)… c’est la dimension opérative qui nous importe, ce qui va bien au-delà des seules propositions faites ailleurs, qui ne reposent en gros que sur les formations c’est-à-dire sur du discours.

 Les formations sont-elles suffisantes ? Permettent-elles de satisfaire toutes les attentes ?

Je ne le pense pas. On se donne des satisfecit en discourant toujours sur les mêmes thèmes… le contradictoire, les conflits d’intérêts, la déontologie, l’expert du juge et l’expert de partie, et plus rarement sur les notions de vérités scientifiques et de vérités techniques, mais ne serait-il pas plus utile et nécessaire de s’interroger sur l’épistémologie de l’expertise, et d’appliquer des méthodologies, ici et maintenant.

 Parce que le changement, c’est maintenant.

 Je souhaite pour ma part que le prochain président s’inscrive dans cette voie. Un président qui doit avoir des convictions fortes, les exprimer et ne pas être un homme de circonstance et de postures. Fort de nos acquis, le futur président sera sans doute sollicité, pour favoriser des rapprochements, de grandes fraternités.

 Attention à ne pas brader nos acquis. Nous avons conçu la compagnie de façon à ce qu’elle puisse vivre en indépendance au travers les différents projets mis en place, banques de données, formation, certification, dématérialisation. Nous sommes les seuls en France.

C’est notre force, il faut la consolider.

Au sujet des rapprochements, le Collège national des experts architectes souhaite renouer des liens avec nous. J’ai rencontré son président Michel JEMMING qui m’a demandé d’être présent à l’ouverture du congrès du Collège national des experts architectes le 8 décembre prochain. Vous savez que nous avons eu des relations, disons tendues il y a quelques années, mais c’est une histoire ancienne qui peut être dépassée. À mon grand étonnement, Michel JEMMING m’a parlé très favorablement de la compagnie nationale des architectes. Il souhaite que des efforts soient faits pour la dynamiser, sujet sur lequel nous avons déjà donné beaucoup de temps et d’argent. Bien plus que tous les autres. À ce titre, il a aussi rencontré Michel COULANGES le président de la Compagnie nationale, qui parallèlement recherche des appuis auprès du CNCEJ, pour relancer cette Compagnie nationale, qui pour certains aurait été trahit par notre Compagnie. Michel COULANGES qui est aussi un acteur du Collège PACA, qui a fait sécession il y a quelques années avec le Collège national.

 J’avoue que cela fait beaucoup à la fois. Observons et réfléchissons.

 Bien sûr on pourrait créer des synergies, mais encore faudrait-il que les choses soient très claires, pour s’assurer que l’on joue gagnant/gagnant. Car le risque de se disperser existe, d’autant que les énergies sont déjà assez difficiles à mobiliser autour des outils que nous mettons en place. Bien entendu je n’ai pas d’opposition de principe à formuler, et d’ailleurs il ne m’appartient pas de décider du futur de la Compagnie, mais à ses membres. Rien ne s’oppose à créer l’ouverture, à permettre l’échange.

 C’est pourquoi j’ai proposé à Michel JEMMING de venir présenter ses intentions lors d’un conseil de la compagnie.

 Voilà pour l’essentiel.

 

Ce qui vous a été présenté, c’est la Compagnie qui l’a fait, seule et en but à des oppositions sur lesquelles je ne souhaite pas m’appesantir. La Compagnie a démontré qu’elle était autosuffisante et qu’elle avait mis en place une dynamique que je ne retrouve pas ailleurs. Sa trajectoire est parfaitement claire. Ce sera à vous de dire si le cap tracé doit être maintenu, renforcé. J’espère que nous ressentirons à l’avenir la nécessité de le maintenir, pour construire ensemble et donner à la Compagnie des experts architectes près la Cour d’appel de Paris, encore plus de force.

 Je vous remercie de votre attention.