POITRAIL

POITRAIL (voir aussi : JAMBE ÉTRIÈRE, TRANSFERT STRUCTURAL) — [Desgodets écrit au pluriel poitraux, Chabat, au siècle suivant, poitrails, orthographe que nous avons retenue ici]. Le poitrail est un linteau de grande portée, ce qui veut dire ici supérieure à 2 mètres, supportant de fortes charges, telles que les trumeaux de façades et des murs de refend sur toute la hauteur du bâtiment. Initialement, ils comportent presque toujours des poteaux en bois en appuis intermédiaires (à partir du XIXe, ces poteaux ont été fréquemment remplacés par des colonnes en fonte siècle). On rencontre des poitrails au-dessus des baies des boutiques, des passages cochers, des remises. En tant que poutre assurant un important transfert statique, le poitrail reporte les charges sur ses appuis par translation horizontale.

Le poitrail s’étend sous toute l’épaisseur de la paroi maçonnée qu’il supporte, ce qui accroît en conséquence l’instabilité potentielle de celle-ci ; le transfert de charges sur les points d’appuis étant de grande intensité, ces derniers sont spécialement renforcés. La Coutume requiert des jambes étrières en façade sous leur appui, en têtes de murs mitoyens. Dans les bâtiments anciens parisiens, les poitrails peuvent être en bois ou en fer (à partir de 1830), d’une seule pièce ou constitués de plusieurs, composées entre elles. Les poitrails doivent être obligatoirement chaînés transversalement et longitudinalement aux ouvrages adjacents, généralement maçonnés, sous peine de flambage des façades qu’ils supportent.

Dans la partie inférieure des pans de bois des façades sur rue, sur cour ou des ailes en retour bordant les cages d’escalier, les poitrails peuvent être accompagnés d’un dispositif de décharge, placé sous les appuis de fenêtres situées immédiatement au-dessus, s’apparentant à une ferme, et souvent appelé poutre-allège (disposition courante jusqu’au XVIIIe siècle).


Extrait de : Maisons de Paris, éditions EdN , Paris, 2003 par Jacques FREDET