...tique

les mots en tique (à la mode):

Pierre Bénard (dans le Figaro) Agrégé de l’Université, Docteur ès lettres.

Un lecteur, après mes trente lignes sur les «problèmes», m’écrivit que j’avais raison et tort. Certes, tout est «problème» … voire!

Il n’est que des problèmes.

N’y aurait-il pas plutôt des «problématiques»?

«Problématique», c’est vrai, fait florès lui aussi dans les salons de la «New langue». Il a pour lui son poids de syllabes et puis ce «tique» qui en impose.

«Technologie» (une théorie) désigne maintenant les objets de cette théorie, les techniques elles-mêmes. De même, «problématique», art de poser les problèmes, signifie à présent des problèmes. Plus long, plus chic. Voire! s’exclameront certains… La problématique, c’est l’ensemble des problèmes qui en composent un grand, c’est un problème pris dans toutes ses données, sous tous ses aspects. Vous voyez bien que ce n’est, au fond, qu’un problème, qu’au lieu de dire «problématique», on pourrait dire neuf fois sur dix «problème», et «problématique» la dixième fois. La dixième fois «problématique»? C’est oublier «souci», «ennui» ou «préoccupation». Je plaide pour un langage naïf. C’est plaider contre l’amour du rare, du chic, de l’air savant. Affaire difficile! Le même lecteur me fait observer, pour finir, que la signalisation routière est devenue la «signalétique». Mais souvenez-vous! On disait jadis «les signaux».